By Ajai Sahni (translated by Sébastien Goulard)
Certains parleraient d’un demi-siècle de lutte ; d’autres d’un demi-siècle d’échecs. Actuellement les maoïstes se trouvent en déclin profond, et ce au bout de près de quatre décennies d’une violence déchaînée d’ampleur grandissante. Mais ils sont loin d’être vaincus. En effet, même en temps de défaite pitoyable – la quasi éradication de la révolte « naxalite » au début des années 1970 – ils ont démontré une extraordinaire capacité de résilience et de résurgence. L’État indien, qui plus est, a été lent à tirer des leçons des longues années de conflit avec ce mouvement idéologique, et il retombe facilement dans la torpeur et la négligence, la corruption et l’hybris dès lors que la menace semble reculer, toutefois temporairement.
Phénomène fondamental : tant l’État que les maoïstes sont enfermés dans une confrontation qui remonte aux économies de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et demeurent obstinément aveugles à la transformation des réalités d’un nouvel ordre technologique, de la redondance progressive du travail humain, de l’explosion démographique incontrôlée et mondiale, des crises environnementales imminentes et complexes. Les dogmes du socialisme et du capitalisme – en particulier la philosophie qui perdure de la révolte violente à laquelle les maoïstes, acritiques, restent voués –, de même que le capitalisme prédateur embrassé par Delhi au tournant du millénaire, ont peu de signification pratique dans les mondes qui émergent aujourd’hui aux plans global et national. Significativement, les deux courants idéologiques – chacun revendiquant pour lui l’autorité « de la science » – sont essentiellement des systèmes de foi ; ils ont depuis des décennies ignoré les réalités incommodes et cherché à tordre le monde environnant afin de le faire entrer dans leurs dogmes.
Pour la suite et l'intégralité de l'article publié dans le numéro 54 - 55 de la revue Outre-Terre intitulé, Nouvelle Delhi ? : Maoïstes indiens : un échec attendu
(253 vues au 9 juin 2020)
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